BUT DU SYMPOSIUM: Le traitement du talipes varus idiopathique, ou pied bot congénital, est conçu pour réaligner le pied pour soulager la douleur et permettre une prise de poids plantigrade avec un mouvement articulaire adéquat malgré la présentation radiographique sous-normale. Ce symposium avait pour but d’examiner les pratiques actuelles de prise en charge du pied bot congénital chez l’enfant et d’analyser les résultats chez l’adulte afin de proposer les solutions thérapeutiques les plus appropriées.
Prise en charge du pied bot congénital chez l’enfant: talipes varus idiopathique peut être suspecté à partir de l’échographie fœtale. Les parents devraient recevoir des informations précises sur le traitement proposé après la naissance. Les écarts doivent être évalués chez le nouveau-né puis révisés régulièrement à l’aide d’échelles objectives pendant et après la fin du traitement. Cela permet une meilleure appréhension de l’évolution par rapport à la sévérité de la déformation initiale. Un traitement conservateur est proposé par de nombreuses équipes : une approche fonctionnelle (rééducation et utilisation minimale de matériel orthétique) ou la méthode Ponseti (correction progressive à l’aide de moulages associés à une ténotomie percutanée du tendon calcanéen) sont actuellement privilégiées. Si ces méthodes sont insuffisantes ou infructueuses, une intervention chirurgicale peut être effectuée au besoin à environ 8 à 11 mois pour obtenir une libération postéro-médiale. De bons résultats sont obtenus chez 80% des patients qui présentent généralement des déformations résiduelles minimales (adduction de l’avant-pied, varus calcanéen minimal, rotation médiale résiduelle, limitation de la flexion dorsale), qui doivent être suivies régulièrement pendant la croissance. La difficulté est de distinguer la déformation acceptable de la déformation non acceptable. En fin de phase de croissance, les séquelles articulaires sévères sont rares (articulation raide, récurrence de déformation initiale, surcorrection) mais difficiles à corriger chirurgicalement: ostéotomie, transfert tendineux, double arthrodèse, fixateur d’Ilizarov. L’analyse de la démarche est essentielle pour quantifier la fonction et obtenir une évaluation objective de l’impact sur les articulations supérieures, fournissant des conseils précieux pour la correction chirurgicale.
Résultat à l’âge adulte: Très peu d’études ont évalué le résultat fonctionnel à long terme après le traitement pendant l’enfance. Selon deux études présentées lors de ce symposium (Bruxelles, Lausanne), les résultats ont été généralement bons mais avec des radiographies subnormales quel que soit le type de traitement ou le début précoce du traitement dans l’enfance. L’hypoplasie du dôme talaire est une découverte constante et est corrélée à la limitation de la flexion dorsale de l’articulation de la cheville. Une faible sous-correction de degré est souvent observée mais bien tolérée tandis que la surcorrection est généralement moins bien tolérée. Le résultat fonctionnel dépend fortement de la préservation du mouvement articulaire subtalaire. Il n’y a pas eu de rapports sur les résultats du traitement des séquelles chez l’adulte. La plupart des problèmes (douleur, raideur, arthrose) sont observés au niveau du pied moyen ou arrière. Les indications de chirurgie conservatrice (ostéotomie) du pied moyen ou arrière sont rares par rapport aux indications d’arthrodèse combinée. La décompensation talocrurale est un tournant observé chez l’adulte. La prise en charge à ce stade est difficile: la fusion de la cheville aggrave la situation en augmentant le stress sur l’avant-pied et aggravant le handicap; l’implantation d’une prothèse de cheville est techniquement difficile et reste à développer pleinement. Le traitement de l’oignon dorsal du grand orteil peut nécessiter un transfert de tendon et / ou une fusion.
Conclusion: Un enfant né avec un pied bot n’aura jamais un pied normal à l’âge adulte. Les séquelles présentes en fin de croissance s’intensifieront à l’âge adulte; la sous-correction est plus facile à traiter à l’âge adulte que la surcorrection. Les problèmes les plus difficiles à l’âge adulte sont: le pied bot négligé, la correction excessive et la dégradation de l’articulation talocrurale.