IL EST DIFFICILE, VOIRE IMPOSSIBLE, DE grandir aux États-Unis et de ne pas être familier avec au moins une théorie du complot. L’assassinat de JFK, la dissimulation de l’OVNI écrasé à Roswell, NM, et le complot des francs-maçons sont parmi les plus populaires dans un pays en proie à la croyance en des conspirations. Un sondage du Scripps-Howard News Service de 1997 a révélé que 51% des Américains pensaient que les responsables fédéraux avaient joué un rôle dans l’assassinat de JFK, tandis que plus d’un tiers soupçonnaient que la marine américaine avait abattu le vol TWA 800.
Les théories du complot sont amusantes quand elles ne sont pas évidemment destructrices. Ils offrent des explications à ce qui semble inexplicable. Et contrairement aux études sociologiques ou anthropologiques sèches, les théories du complot offrent des intrigues intrigantes impliquant des extraterrestres, la CIA et des sociétés secrètes comme les Francs-Maçons et les Illuminati.
J’ai développé un intérêt pour les systèmes de croyances conspirationnistes en 1999 en observant deux groupes chrétiens fondamentalistes qui résidaient sur le mont des Oliviers en Israël. Ces groupes fondamentalistes, composés principalement de citoyens américains, ont prospéré sur la théorie du complot. Les membres des groupes étaient plus souvent trouvés avec des livres prêchant des théories du complot qu’avec des Bibles. Le prince Charles était l’antichrist, m’a-t-on dit, et le gouvernement américain m’avait implanté une puce informatique dans l’avant-bras.
Ma curiosité m’a finalement amené à réfléchir à deux questions. Premièrement, les théories du complot sont-elles limitées à la culture occidentale? Deuxièmement, si les théories du complot existent dans les cultures non occidentales, sont-elles plus populaires parmi les groupes fondamentalistes de ces cultures? J’ai cherché des réponses à ces questions en Inde. Les théories du complot décrites dans cet article sont basées sur des informations recueillies au cours d’une série d’entretiens non structurés et formels menés en Inde pendant quatre mois, ainsi que sur la recherche de références pertinentes telles que des livres, des revues, des journaux et des magazines. Chacune des théories décrites dans les pages suivantes répond aux critères de la pensée conspirationniste: elles ne sont pas étayées par des preuves crédibles, elles sont en proie à des incohérences et, en violation de la maxime de Hume, elles supposent la plus grande improbabilité d’être vraies. (1)
La Conspiration du sel
L’ajout d’iodate de potassium (2) au sel communthe le processus par lequel le sel iodé est créé en Indepart fait partie d’une « conspiration bien fomentée » par des sociétés multinationales pour s’emparer du marché indien du sel, l’utilisation excessive de sel iodé rend les personnes vulnérables à la tuberculose, au diabète, au cancer et à la perversité. » Ou ainsi a déclaré Mahesh Sharma dans une interview avec le New York Times. M. Sharma est membre du parlement indien et siège au comité directeur de Swadeshi Jagaran Manch (SJM), une patte nationaliste hindoue également connue sous le nom de Front du Réveil national. (3)
Principalement à la suite des déclarations du SJM, une partie de la population indienne refuse d’utiliser du sel iodé, estimant qu’il fait partie d’un complot d’entreprise multinationale. La croyance est répandue et ses conséquences sont graves. Le sel iodé est considéré comme le moyen le plus efficace et le plus rentable de lutter contre le trouble de carence en iode (IDD), une condition débilitante provoquée par une insuffisance d’iode. L’IDD est le plus souvent associée au goitre, un gonflement de…