Intoxication au poisson Ciguatera à Hawaï et dans le Pacifique | Anne Marie

Introduction

L’intoxication au poisson Ciguatera (PCP) est une maladie d’origine alimentaire contractée par des humains mangeant du poisson de récif contenant de la ciguatoxine (CTX) et se caractérise principalement par des manifestations gastro-intestinales et neurologiques. Il s’agit de l’intoxication marine la plus fréquente au monde1,2 et constitue un problème de santé publique important dans les Caraïbes, à Hawaï et dans les îles du Pacifique.3,4

La toxine CTX est produite par les microalgues Gambierdiscus spp., qui sont ingérés par des poissons de récif herbivores qui sont ensuite mangés par de plus gros poissons de récif carnivores et qui constituent la principale source de maladies humaines.1,2 Les toxines sont solubles dans les lipides et se bioaccumulent en plus grandes concentrations lorsqu’elles remontent la chaîne alimentaire, ce qui rend les plus gros poissons carnivores plus susceptibles de causer des dommages aux humains.5 Cependant, la consommation de n’importe quel poisson de la chaîne alimentaire des récifs coralliens peut causer des maladies.1 La toxine est incolore, inodore et insipide et n’est affectée par aucune technique de stockage ou de préparation des aliments.6 C’est l’une des toxines des canaux Na+ les plus puissantes connues chez les mammifères, provoquant l’activation des canaux Na+ sensibles à la tension à des concentrations très faibles (< 1 partie par milliard), conduisant à ses multiples manifestations cliniques comme indiqué ci-dessous.2 Les poissons de récif en particulier sont associés à la PCP, car ce sont les poissons impliqués dans la chaîne alimentaire des Gambierdiscus spp. Les poissons de récif communément associés au CTX sont nombreux, mais comprennent: barracudas, mérous, carangues, murènes, vivaneaux, poissons perroquets et poissons chirurgiens.2,6,7 En raison de sa solubilité lipidique, le CTX s’accumule plus fortement à plusieurs endroits chez les poissons, y compris le cerveau, le foie et les gonades. Pour l’anecdote, il a été noté que les cas plus graves de PCP signalés au ministère de la Santé d’Hawaï impliquent la consommation de la tête (cerveau) ou des organes du poisson et que les cas moins graves ont tendance à impliquer la consommation uniquement du muscle.

Les manifestations de la PCP sont principalement gastro-intestinales et neurologiques, mais comprennent également d’autres effets rares mais potentiellement dangereux.1,2 Les effets commencent généralement dans une fenêtre de < 1 à 48 heures après l’ingestion, les symptômes gastro-intestinaux se produisant généralement dans les 12 heures et les symptômes neurologiques se développant au cours des 24 premières heures.2 Les effets gastro-intestinaux comprennent la diarrhée, les douleurs abdominales, les nausées et les vomissements. Ceux-ci ont le potentiel d’une déshydratation importante, mais sont généralement de courte durée. Les effets neurologiques comprennent les paresthésies péribucales et de distribution des gants, les myalgies, l’engourdissement, l’allodynie froide (douleur brûlante causée par l’exposition au froid), la fatigue, le prurit et rarement le coma.1,2 Les symptômes neurologiques peuvent être variables, la plupart se résorbant en quelques jours à quelques semaines, bien que certains puissent persister pendant des années et se reproduisent avec une exposition à des déclencheurs ne contenant pas de CTX (tels que la consommation de poulet ou d’alcool).2 Des effets cardiovasculaires rares mais significatifs se produisent, notamment une bradycardie et une hypotension.1 Généralement modérée, la PCP peut rarement entraîner la mort.

Un problème endémique à Hawaï et dans de nombreuses îles du Pacifique, 3, 4 cas de PCP sont signalés au département de la Santé d’Hawaï, avec un total de 3 à 69 cas par an dans l’État, en moyenne 28.5 nombre total de cas par année de 2002 à 2011.4 Avec la sous-déclaration de cas plus légers, il est probable que l’incidence locale réelle soit de 10 à 20 fois plus élevée que celle déclarée. Deux décès dus à la PCP ont été signalés à Hawaï en 1964 après avoir mangé des poissons de récif grillés, y compris leurs viscères.8 Il y a une large gamme d’incidence dans les îles du Pacifique, avec Samoa à environ 1,6 cas pour 100 000 par an et les îles Cook à près de 1 500 cas pour 100 000 par an.3 Le poisson est une ressource naturelle importante dans tout le Pacifique et la pêche est un moyen de subsistance très courant, mettant de nombreuses personnes en danger pour la PCP. La pêche au récif représente également un sport courant à Hawaï, mettant en danger les visiteurs et la population locale. Sur la base des données du ministère de la Santé d’Hawaï, les cinq poissons les plus fréquemment associés à des cas de PCP dans l’État de 1963 à 2012 sont jack (ulua, kahala ou papio), poisson chirurgien (kole), mérous (roi ou hapu ‘u), vivaneaux (lehi, onaga, taape ou waha-nui) et labres (Figure 1; Département de la Santé de l’État d’Hawaï, données non publiées, octobre 2013). Il existe de nombreux mythes locaux sur la façon de déterminer quels poissons sont sûrs, notamment en évitant les poissons du côté sous le vent de l’île. De 2008 à 2012, des chercheurs de l’Université d’Hawaï ont coopéré avec des pêcheurs locaux pour mener des études de surveillance du roi capturé dans l’État d’Hawaï, testant la présence de CTX sur le poisson. La carte de la figure 2 représente les données cumulatives de l’île d’O’ahu.9 L’étude montre qu’aucune côte d’une île hawaïenne n’est exempte de poissons CTX positifs et on suppose que toute relation avec le côté sous le vent d’une île est plus probable en raison de laquelle la côte est plus couramment pêchée plutôt que de la présence ou de l’absence de poissons CTX positifs.10

Incidents de Ciguatera par type de poisson consommé, Hawaï (1963-2012) (image reproduite avec l’aimable autorisation du Département d’État de la Santé d’Hawaï)

Pourcentage de mérous (roi) positifs au CTX sur les côtes d’O’ahu (image reproduite avec l’aimable autorisation du Dr P.K. Bienfang)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.