Avec la saison 2011 bien amorcée, les amateurs de football canadiens devront attendre une ou deux autres saisons avant de voir un quart partant né au Canada dans la Ligue canadienne de football (LCF). L’absence de quarts locaux dans la ligue reste un problème permanent pour ceux qui suivent le match.
Un examen de diverses sources révèle que depuis la création de la LCF, environ 274 joueurs ont occupé le poste de quart-arrière. De ce nombre, 253 ou 92,3% étaient américains alors que seulement 21 ou 7.7 % sont des Canadiens.
Russ Jackson, Le Grand quart-arrière canadien
Russ Jackson a été décrit comme le meilleur quart-arrière local à avoir jamais joué dans la LCF. Le natif de Hamilton, en Ontario, a joué au football à l’Université McMaster à Hamilton. Après sa carrière universitaire, Jackson a été repêché au premier tour par les Rough Riders d’Ottawa en 1958. À l’origine sous contrat comme demi défensif, il a fini quart-arrière des Rough Riders d’Ottawa de 1958 à 1969.
Avec les Rough Riders, Jackson a mené l’équipe à la conquête de la Coupe Grey en 1960, 1968 et 1969. Il a reçu de nombreux prix et honneurs au cours de son illustre carrière dans la LCF. Jackson a remporté le titre de joueur par excellence de la LCF en 1963, 1966 et 1969. Il a également remporté à 4 reprises le Prix du joueur canadien par excellence de la ligue en 1959, 1963, 1966 et 1969. Pour ne pas s’arrêter là, il a été Quart-arrière étoile à 6 reprises dans la Conférence Est (1962-1963, 1966-1969), quart-arrière étoile à 3 reprises dans la LCF (1966, 1968, 1969) et 2 fois gagnant du Trophée commémoratif Jeff Russell en tant que joueur par excellence de la Conférence Est en 1959 et 1969.
Jackson a terminé sa carrière dans la LCF avec 24 592 verges de gains par la passe (le plus élevé de tous les quarts nés au Canada), 185 passes de touché et un taux d’efficacité de 90,83 %. En tant que quart-arrière mobile, il a gagné 5 045 verges au sol et a marqué 54 touchés.
En raison de ses nombreuses réalisations, Russ Jackson a été intronisé au Temple de la renommée du football canadien en 1973. Il a également été élu parmi les 50 meilleurs joueurs de la LCF au Canada par TSN (Television Sports Network). Eddie Mac Cabe, un écrivain sportif bien connu d’Ottawa, considérait Jackson comme peut-être le dernier d’une race en voie de disparition, le » quart-arrière canadien « .
Anciens Quarts nés au Canada
Après la retraite de Jackson en 1969, il faudrait plus de 20 ans avant qu’un quart né au Canada commence un match dans la LCF. Larry Jusdanis a débuté au poste de quarterback en 1995 pour les Tiger-Cats de Hamilton de la Conférence Est. Un an plus tard, Giulio Caravatta débute pour les Lions de la Colombie-Britannique de la Conférence Ouest.
Voici une liste d’anciens quarts-arrières canadiens dans l’ordre où ils étaient dans la LCF. À l’exception de Russ Jackson, beaucoup d’entre eux n’étaient pas nécessairement des « quarts partants », mais ils ont vu de l’action en temps de jeu.
Geoff Crain, Blue Bombers de Winnipeg (1953 -’54), Rough Riders d’Ottawa (1955)
Ron Adam, Roughriders de la Saskatchewan, 1954-1960
Gerry Doucette, Argonauts de Toronto (1954-1959), Alouettes de Montréal (1961)
Gene Robillard, Lions de la Colombie-Britannique (1954)
Don Getty, Eskimos d’Edmonton ( 1955-1963, 1965)
Barry Rosborough, Blue Bombers de Winnipeg (1956-1958)
Bob Dickie, Lions de la Colombie-Britannique (1957), Alouettes de Montréal (1958)
Russ Jackson, Rough Riders d’Ottawa (1958-1969)
Earl Keeley, Lions de la Colombie-Britannique (1959-1962)
Frank Cosentino, Tiger-Cats de Hamilton (1961-1966), Eskimos d’Edmonton (1967-1968), Argonauts de Toronto (1969)
Pete Ohler, Lions de la Colombie-Britannique (1963-1964, 1967-1969)
Eric Gutherie, Lions de la Colombie-Britannique (1972-1973, 1975-1976), Roughriders de la Saskatchewan (1977)
Dave Syme, Eskimos d’Edmonton (1972 ), Rough Riders de la Saskatchewan (1976)
Bill Robinson, Rough Riders d’Ottawa (1975-1976)
Gerry Dattilio, Alouettes de Montréal (1976-1981, 1984-1985), Stampeders de Calgary (1982-1983)
Luc Tousignant, Concordes de Montréal (1982)
Greg Vavra, Stampeders de Calgary ( 1984-1985), Lions de la Colombie-Britannique (1986-1987), Eskimos d’Edmonton (1988)
Giulio Caravatta, Lions de la Colombie-Britannique, 1992, 1994-1997
Bob Torrance, Stampeders de Calgary (1992), Tiger-Cats de Hamilton (1993)
Larry Jusdanis, Tiger-Cats de Hamilton (1996)
Danny Brannagan, Argonauts de Toronto, 2010
Enjeux et défis du quart-arrière canadien
Il y a un certain nombre de facteurs qui conspirent contre les quarts nés au Canada dans la LCF.
Tout d’abord, alors que les équipes de la LCF appartiennent généralement à des Canadiens, le personnel d’entraîneurs est en grande partie composé d’Américains. Un examen des listes d’entraîneurs des équipes de la LCF a révélé que sur 331 entraîneurs, 288, soit 87 %, étaient des Américains alors que seulement 43 ou 13 % étaient des Canadiens. La grande majorité des entraîneurs américains sont arrivés dans la LCF après une carrière d’entraîneur dans des collèges américains. Il est intéressant de noter que lors du recrutement de joueurs, en particulier de quarts-arrières, ils préféraient les quarts-arrières qu’ils ont entraînés ou qu’ils ont vus jouer dans les rangs universitaires américains. On pourrait dire qu’il n’y a rien de mal à cette approche de recrutement; cependant, cela a un » impact négatif » sur les occasions pour les quarts nés au Canada de faire partie des listes de la LCF à leurs positions.
Deuxièmement, la LCF a introduit dans les années 1950 une règle » importation/non importation » pour assurer le contenu canadien dans la ligue. La règle actuelle exige que la dernière formation active de 42 joueurs des équipes de la LCF le jour du match compte au moins 20 joueurs non importés (joueurs ayant passé 7 ans au Canada avant l’âge de 15 ans s’ils ne sont pas citoyens ou 5 ans avant l’âge de 18 ans s’ils sont citoyens), 19 joueurs importés (par exemple américains) et trois quarts de toute nationalité. L’idée de désigner l’un des trois quarts-arrières comme un « non-import » pour permettre aux équipes de transporter et de développer un quart-arrière né au Canada a suscité beaucoup de discussions sur la question. De nombreux entraîneurs et directeurs généraux de la LCF sont d’avis que les seuls avantages d’un changement de règle proviendraient du côté commercial et du marketing d’un quart-arrière canadien. Selon un observateur, « Le football professionnel est une entreprise de résultats mesurés en victoires et en défaites et, par conséquent, l’engagement et le temps pour développer un quart-arrière canadien ne sont tout simplement pas là pour les entraîneurs au football canadien. »
Enfin, l’entraînement semble être l’une des principales raisons du manque de joueurs canadiens au poste de quart-arrière dans la LCF. Beaucoup de gens pensent qu’il n’y a pas assez de bons entraîneurs du jeu de passe à l’université et surtout au niveau secondaire. On estime que les quarts formés aux États-Unis ont accès à plus d’entraîneurs à temps plein, à plus d’installations et à une meilleure compétition que leurs homologues canadiens. D’autres encore pensent que les Américains apprennent à un jeune âge les principes fondamentaux de la position de quart-arrière qui les prépare mieux lorsqu’ils vont jouer au football universitaire.
Idées et stratégies de changement
La LCF veut faciliter le développement des quarts canadiens par les équipes, sans forcer chaque équipe à en avoir un. En juin 2010, la ligue a lancé un » programme de stages « , qui permet aux équipes de la LCF d’amener des quarts-arrières universitaires canadiens au camp d’entraînement, sans utiliser de place dans l’alignement. Il est à noter que l’an dernier, les Tiger-Cats de Hamilton ont affronté le pivot de l’Université d’Ottawa Brad Sinopoli dans le cadre du programme de stages. Il a ensuite connu une dernière saison exceptionnelle en remportant le prix Hector Creighton du Sport interuniversitaire canadien (SIC) en tant que joueur de football par excellence. Cette année, il a été repêché par les Stampeders de Calgary et a fait partie de la formation de l’équipe en tant que quart-arrière.
Certains observateurs du football estiment que les équipes universitaires canadiennes semblent bien préparer leurs joueurs à jouer à toutes les positions autres que celles de quart-arrière. Les officiels de la LCF et d’autres sont d’avis que les équipes doivent faire un meilleur travail pour préparer leurs quarts pour la LCF. Cela inclut l’utilisation de schémas offensifs de style professionnel tels que la formation de fusil de chasse et l’attaque de propagation.
Optimisme pour l’avenir
Même si le quart-arrière canadien Brad Sinopoli a fait partie de la formation des Stampeders de Calgary, plusieurs quarts-arrière talentueux des universités canadiennes se profilent à l’horizon, notamment Marc Mueller (Université de Regina), Billy McPhee (Université Queens), Kyle Quinlan (Université Mc Master), Alex Skinner (Université Laval) et Jeremi Roch (Université de Sherbrooke). Aux États-Unis collèges au sud de la frontière, d’autres quarts-arrières canadiens prometteurs incluent Brandon Bridge (État d’Alcorn) et Cayman Shutter (Université d’Hawaï).
Compte tenu de certains des talents du système, beaucoup de gens pensent que nous ne sommes pas aussi loin qu’il y paraît d’avoir un ou plusieurs quarts-arrières nés au Canada qui débutent dans la LCF. On pense que ce n’est que lorsque cela se produira que la ligue sera vraiment à la hauteur de son slogan « La LCF. C’est notre ligue. »