COMMENTAIRE
Les élections ghanéennes ayant eu lieu lundi, de solides débats ont eu lieu sur la manière de maintenir une démocratie forte et de veiller à ce que les élus répondent aux besoins de leurs électeurs. Beaucoup de ces conversations ont particulièrement porté sur les élections et les partis politiques, mais il y a une pièce essentielle à ce puzzle qui est négligée.
La fonction publique est en dernier ressort chargée de traduire les promesses de campagne des politiciens en politiques et programmes concrets. La fonction publique est particulièrement bien placée pour être l’institution d’ancrage qui sert le pays à tout moment, y compris lors des élections où les partis politiques et les candidats s’affrontent pour déterminer qui remporte le mandat du peuple pour gouverner pour un autre mandat, et il est temps que les électeurs et les dirigeants en prennent note.
Pourquoi la fonction publique compte
Une fonction publique efficace est essentielle à la bonne gouvernance, au développement économique et à l’exécution du contrat social entre le gouvernement et les gouvernés. Selon le rapport du Forum Ibrahim 2018, « La fonction publique en Afrique », les gouvernements du continent se heurtent à un manque de capacité à répondre aux besoins croissants de leurs citoyens. Soulignant l’importance de la fonction publique en général, Mo Ibrahim a soutenu que sans une fonction publique forte et des fonctionnaires engagés, il n’y aurait pas de prestation efficace des biens et services publics attendus.
Une source importante de compétence de la fonction publique est le recrutement de jeunes cohortes de personnes talentueuses. Bien que les perspectives économiques se soient améliorées pour les jeunes en Afrique, le choix de faire partie de la main-d’œuvre gouvernementale n’est pas encore considéré comme une voie convaincante pour diverses raisons, allant du manque de sensibilisation aux bas salaires et au manque de prestige. Jusqu’à ce qu’une nouvelle génération brise ce moule, les institutions gouvernementales en Afrique risquent de prendre du retard par rapport à leurs homologues du secteur social et privé plus robustes.
Bon nombre des tentatives actuelles visant à améliorer les services des gouvernements à leurs citoyens ont fait appel à des institutions internationales et à des agences de développement étrangères pour des postes de conseiller à court terme. Ces interventions impliquent le partage des connaissances techniques et la promotion de réformes internes dans le cadre des conditions associées à l’aide au développement. Cette pratique ne crée pas d’opportunités pour les talents et l’expertise qui existent déjà dans le pays. Investir dans de jeunes dirigeants locaux offre une approche plus durable et à plus long terme pour créer une main-d’œuvre gouvernementale talentueuse et efficace qui répond aux besoins des citoyens et renforce les efforts déployés pour atteindre ses objectifs de développement.
Fournir une voie claire et fondée sur le mérite pour intégrer les meilleurs et les plus brillants jeunes ghanéens dans la fonction publique renforce les services gouvernementaux et leur qualité de manière plus efficace et durable que d’importer des experts internationaux pour des projets à court terme. Je le sais parce que je l’ai vu avec les jeunes leaders avec qui je travaille.
Un parcours éprouvé
Il y a deux ans, une cohorte de diplômés universitaires récents est entrée dans la fonction publique ghanéenne dans le cadre d’un programme de bourses que je dirige, Emerging Public Leaders – Ghana (EPL-Ghana). Les boursiers se sont engagés à servir deux ans dans la fonction publique, au cours desquels ils reçoivent une formation en leadership et du mentorat. On s’attend à ce qu’ils choisissent de poursuivre une carrière dans la fonction publique après l’achèvement de la bourse.
Cette bourse est inspirée de l’organisation sœur de l’EPL au Libéria, créée en 2009, qui recrute et soutient de jeunes fonctionnaires innovants — dont 86% servent encore aujourd’hui dans divers ministères. Ce programme dédié invite les talents de la fonction publique qui, autrement, seraient manqués. Seulement 18% des participants à la bourse libérienne ont déclaré qu’ils auraient tenté une autre voie vers une carrière dans le secteur public. Les autres auraient poursuivi d’autres carrières, principalement dans le secteur privé, plus lucratif. La bourse leur a donné accès à servir le pays d’une manière qu’ils n’auraient pas autrement envisagée ou à laquelle ils n’auraient pas eu accès.
L’investissement rapporte
L’investissement dans les jeunes fonctionnaires rapporte des dividendes au fil du temps et se traduit par de meilleurs services pour les citoyens. Par exemple, l’un des boursiers de l’EPL-Ghana, Vasco Ayere Avoka, s’est porté volontaire comme traceur de contact à Accra auprès de la Direction de la santé municipale de Korle Klottey. Une fois que les dirigeants ont reconnu ses compétences informatiques et techniques uniques, il a été recruté dans un rôle d’analyste après seulement deux semaines sur le terrain pour aider les hauts responsables du Service de santé du Ghana à prendre des décisions sur l’endroit et la façon de déployer leurs équipes de recherche de contacts.
Les élections font la une des journaux, mais les fonctionnaires travaillent en coulisses pour renforcer toute la démocratie. L’avenir de la fonction publique et des services qu’elle fournit dépend de notre capacité à recruter, à développer et à soutenir la prochaine génération de dirigeants.