La question du Wi-Fi urbain gratuit se pose le plus souvent dans le contexte du voyage — en tant que touristes, nous voulons pouvoir nous connecter facilement et gratuitement où que nous soyons. Mais comme plus de la moitié du monde possède un smartphone, chaque citadin veut savoir qu’il sera en mesure d’obtenir le contenu et les fonctionnalités qu’il souhaite depuis son smartphone où qu’il se trouve. De nos jours, nous n’accédons pas seulement aux données plus souvent, nous y accédons plus souvent, plus souvent, et le mode de vie « toujours actif » nécessite une couverture Wi-Fi constante pour nous suivre où que nous allions.
De plus, avec l’essor de l’Internet de tout et du M2M, les réseaux sans fil municipaux se tournent autant vers une poubelle connectée que vers l’utilisateur final qui diffuse YouTube sur son smartphone. Au-delà d’offrir une connexion Wi-Fi gratuite aux citoyens et aux touristes, les réseaux sans fil de nos villes devront être suffisamment robustes pour gérer d’énormes quantités de données d’une part ou de nombreuses petites rafales de bits et d’octets de données d’autre part. En outre, certains services et applications — comme le contrôle du trafic et les communications sur le réseau électrique – seront considérés comme « essentiels à la mission », tandis que d’autres, comme les relevés de compteurs intelligents, sont moins sensibles au temps. Il est donc essentiel que le réseau sans fil de la ville soit à la fois flexible et suffisamment dimensionné en fonction des différents services et de leurs besoins respectifs.
Les villes du monde entier peinent à trouver une solution pour fournir un Wi-Fi public fiable pour répondre à ces nouvelles demandes des consommateurs et des villes, et beaucoup — comme Taiwan, Paris, Tel Aviv et Perth pour n’en nommer que quelques—unes – ont développé et mis en œuvre des réseaux Wi-Fi gratuits enveloppant les centres-villes, conçus pour rendre l’expérience urbaine plus agréable pour les touristes et les résidents. Mais ces réseaux ne sont souvent pas complets géographiquement, et ils sont à peine équipés pour faire face au type de trafic qu’ils reçoivent actuellement, sans parler du trafic que nous pouvons nous attendre à voir dans les années à venir.
Au lieu d’essayer de construire des réseaux entièrement nouveaux, les villes, soutenues par les fournisseurs de services Internet et les opérateurs mobiles, seraient mieux desservies en tirant parti des réseaux déjà existants, comme tous les réseaux Wi-Fi résidentiels privés déjà répartis dans toute la ville.
Imaginez que chaque maison actuellement connectée à Internet devienne un mini point d’accès Wi-Fi desservant le public, de sorte que chaque fois qu’un abonné passe devant un réseau domestique participant, son téléphone se connecte automatiquement à ce réseau Wi-Fi, réduisant ainsi ses propres frais de données et réduisant considérablement la pression sur les réseaux des opérateurs mobiles. Tout cela est rendu possible par le fait que les abonnés domestiques abandonnent un petit pourcentage, probablement inutilisé, de leur Wi-Fi pour le rendre disponible pour un usage public.
Les principaux fournisseurs de services Internet mondiaux tels que Comcast, Fon et Liberty Global ont déjà commencé à mettre en œuvre ce type de partitionnement du réseau domestique, en coupant une partie du Wi-Fi privé inutilisé pour créer un réseau public de points d’accès communautaires, puis en offrant souvent aux abonnés à domicile l’accès à d’autres points d’accès Wi-Fi de la même « communauté » en retour. À bien des égards, ce modèle de compromis représente une solution idéale au problème de la fourniture d’un Wi-Fi public. Il tire parti d’un réseau Wi-Fi déjà existant et apparaît comme une situation gagnant-gagnant — même les abonnés résidentiels peuvent bénéficier du Wi-Fi public lorsqu’ils sont en déplacement.
Néanmoins, un tel partitionnement du réseau entraîne une série de problèmes qui devront être résolus pour que le Wi-Fi communautaire soit une option vraiment viable. Les fournisseurs de services Internet devront être en mesure de contrôler la quantité de bande passante que les abonnés publics peuvent utiliser afin qu’ils ne « volent » pas trop de bande passante du réseau domestique et ne dégradent pas l’expérience de l’utilisateur domestique. Comme un enfant à problèmes, monopolisant l’attention de ses parents, les smartphones dotés d’une technologie Wi-Fi plus simple et intégrée exerceront une pression beaucoup plus importante sur la bande passante que la plupart des autres appareils domestiques. Le comportement Wi-Fi de base pourrait permettre à un utilisateur public de passage, qui se connecte au routeur Wi-Fi depuis la rue, de drainer la majeure partie de la bande passante afin que l’expérience de l’utilisateur privé soit compromise.
Assurer la qualité de service du réseau domestique privé sera donc un enjeu crucial pour la réussite du Wi-Fi communautaire. Les FAI doivent éviter une situation où ce nouveau service provoque une augmentation des appels de service et une augmentation du taux de désabonnement, car les abonnés privés mécontents résistent au partage de leur Wi-Fi, tout en veillant à ne pas imposer trop de contraintes ou de limitations au service Wi-Fi public, le rendant inaccessible ou peu attrayant. Pour que les points d’accès Wi-Fi publics fonctionnent efficacement, les FAI doivent trouver un moyen de contrôler leurs réseaux Wi-Fi afin qu’une partie gérable de la ressource Wi-Fi soit allouée à un usage public et que certains types de données ou d’utilisateurs aient la priorité.
Le Wi-Fi communautaire a beaucoup de potentiel pour permettre un avenir connecté fonctionnel, où les barrières entre le Wi-Fi privé et public s’estompent au point que les humains et les machines peuvent être connectés en permanence et de manière fiable. La clé pour faire en sorte que la ville connectée, et même le monde connecté fonctionne, est de s’assurer que tout comme le trafic dans nos rues est réglementé, le trafic de données dans notre air l’est également.
Lior Weiss est vice-président Marketing chez Celeno Communications.
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