Tous risques
Introduction: C’est un métal gris-blanc très résistant à l’usure. Le chrome est produit à partir de chromite, FeO.Cr2O3, par torréfaction et extraction sous forme de chromate qui est ensuite réduit en chrome métal. L’oxyde de chrome vert, la chromite de fer, le dichromate de potassium et les colorants sont des composés utilisés par les potiers. Formes chimiques et physiques: Le chrome a un poids moléculaire de 52. La plupart des composés du chrome sont des solides à température ambiante, bien qu’une exception notable soit le chlorure de chromyle, un composé de chrome hexavalent qui est un liquide fumant. Les propriétés chimiques et toxicologiques du chrome diffèrent nettement, en fonction de l’état de valence du métal. Le chrome se produit dans son état métallique (valence 0) et dans les états de valence 2+ à 6+, mais seuls les trivalents (3+) et hexavalents (6+) sont couramment trouvés. Le chrome dans son état 2+ s’oxyde fréquemment rapidement en forme 3+, et les états 4+ et 5+ ne se trouvent que comme intermédiaires dans la conversion entre les états 3 + et 6+. Some Common Chromium Compounds : Divalent (Cr2+) : Chromous chloride CrCl2 Chromous sulfate CrSO4 Trivalent (Cr3+) : Chromic oxide Cr2O3 Chromic sulfate Cr2(SO4)3 Chromite ore FeO.Cr2O3 Hexavalent (Cr6+) : Chromium trioxide CrO3 Chromic acide H2CrO4 Chromic acid anhydrides : Sodium chromate Na2CrO4 Potassium chromate K2CrO4 Dichromates : Sodium dichromate Na2Cr2O7 Potassium dichromate K2Cr2O7 Ammonium dichromate (NH4)2Cr2O7 Uses and Sources of Exposure : Chromium is found in : – the production of chromium metal; – the production of alloys resistant to corrosion: acier au chrome (ferrochrome); – chromage électrolytique : la partie métallique à recouvrir de chrome est placée comme électrode dans une solution d’acide chromique additionnée d’acide sulfurique. Le chromage épais (type dur – épaisseur 5-10µm) peut entraîner une exposition importante au chrome alors que le chromage mince (type brillant – épaisseur 0,5-1µm) ne provoque pas de risque significatif d’exposition excessive au chrome; – la fabrication de chromates et de dichromates à partir de chromate de fer. Ceux-ci ont de nombreuses applications dans la lithographie, l’industrie textile, l’imprimerie, la tannerie, la teinture, la photographie et l’industrie de la peinture ; – la fabrication de briques réfractaires pour les fours de l’industrie métallurgique ; – l’utilisation de dérivés trivalents : anhydride chromique utilisé comme pesticide dans la préservation du bois ; – le soudage d’alliages contenant du chrome. Le soudage de l’acier inoxydable par le procédé manuel à l’arc métallique libère des particules qui, après dépôt dans les voies respiratoires, permettent la solubilisation progressive du chrome. En revanche, les particules libérées par soudage sous gaz inerte (MIG) ne sont pas très solubles. Le dioxichlorure de chrome (Cl2CrO2) est un composé liquide volatil du chrome hexavalent utilisé dans un grand nombre de procédés de synthèse : polymérisation d’hydrocarbures oléfiniques, oxydation d’hydrocarbures, production d’aldéhydes et de cétones Le chrome est présent à l’état de traces dans de nombreux produits (ciments, agent de blanchiment, bandes magnétiques….) qui peut provoquer une allergie cutanée. Le chrome peut également être trouvé dans la fumée de tabac. Toxicologie Clinique : Le chrome est un oligo-élément essentiel et est présent dans les tissus à l’état trivalent. I – Classification du chrome et des composés: Les composés du chrome varient considérablement dans leurs effets toxiques et cancérigènes. Pour cette raison, ACGGIH divise ses composés inorganiques en plusieurs groupes: A – Métaux et alliages de chrome: y compris – métal de chrome; – aciers inoxydables; – autres alliages contenant du chrome. B – Composés du chrome divalent (Cr2+) (composés chromeux) : y compris – chlorure chromeux (CrCl2); – sulfate chromeux (CrSO4); C – Composés du chrome trivalent (Cr3+) (composés chromiques) : y compris – sulfate chromique (Cr2 (SO4) 3); – oxyde chromique (Cr2O3); – chlorure chromique (CrCl3); – sulfate de potassium chromique (KCr (SO4) 2); – minerai de chromite. Composés du chrome D-hexavalent (Cr6+): y compris – le trioxyde de chrome (CrO3); – l’anhydride des chromates d’acide chromique (par exemple Na2CrO4), des dichromates (par exemple Na2Cr2O7) et des polychromates. Les sels hexavalents sont considérés comme les plus dangereux. Le chrome trivalent est mal absorbé par inhalation et par la peau intacte, ce qui entraîne une faible toxicité systémique. Cependant, si le chrome trivalent accède à la circulation systémique, des effets toxiques peuvent se développer. II – Voies d’absorption et d’exposition: A – Inhalation: L’inhalation de sels de chrome hexavalents hautement solubles dans l’eau, tels que l’acide chromique, le dichromate de sodium et le dichromate de potassium, peut entraîner une absorption systémique importante. Il est peu probable que des sels moins solubles dans l’eau produisent des effets systémiques, mais peuvent produire des effets pulmonaires. Le chrome métallique et les sels chromeux ou chromiques (valences 0, +2, +3) sont absorbés de manière minimale après inhalation. Des dépôts pulmonaires locaux de ces sels ont été rapportés après exposition, mais sans effets systémiques indésirables. B- Ingestion: Les sels hexavalents sont convertis par le suc gastrique en forme trivalente avant l’absorption. Les sels de chrome trivalents sont absorbés après ingestion, mais seulement 1% à 25% de la dose ingérée est absorbée. L’étendue de l’absorption varie en fonction du sel particulier ingéré et des circonstances de l’ingestion. Absorption C-dermique: Les sels hexavalents sont généralement bien absorbés par voie topique à travers une peau intacte. Le chrome hexavalent peut pénétrer dans la peau et se transformer en chrome trivalent qui devient un haptène et fait partie de la réaction allergique provoquant une dermatite exzémateuse. Les sels trivalents sont mal absorbés par la peau intacte, mais une fois la barrière démalaire brisée, une absorption peut se produire. III – Toxicocinétique: Dans l’industrie, les travailleurs peuvent être exposés à des composés de chrome trivalents et hexavalents dont la manipulation métabolique et la toxicité sont remarquablement différentes. La toxicité systémique est principalement due aux dérivés hexavalents qui, contrairement aux dérivés trivalents, peuvent pénétrer dans le corps par toute voie possible, y compris la peau intacte. La principale protéine porteuse du chrome est la transferrine; l’albumine transporte le chrome dans une moindre mesure. Les composés du chrome traversent de nombreux tissus, y compris les globules rouges, les reins, le foie, la rate et les os. À l’intérieur des cellules, le chrome hexavalent est réduit au chrome pentavalent très réactif et au chrome trivalent. Seules ces deux formes peuvent altérer l’ADN. A- Stockage: Le chrome absorbé est réparti dans deux compartiments : 1 – Compartiment à élimination rapide (demi-vie de 7 heures). 2 – Compartiment à élimination lente. B- Excrétion: Le chrome est essentiellement excrété dans l’urine et chez le personnel exposé professionnellement, sa concentration urinaire reflète principalement la quantité de chrome hexavalent soluble récemment absorbé. Cependant, la présence d’un compartiment à élimination lente explique pourquoi ceux qui ont été loin de l’exposition, même pendant de nombreux mois, ont des niveaux de chrome urinaire supérieurs aux valeurs normales. IV – Symptômes et signes: A – Toxicité aiguë : Après une exposition orale ou cutanée, les composés du chrome hexavalent, y compris l’acide chromique, les chromates et les dichromates, sont potentiellement les plus toxiques des composés du chrome couramment rencontrés. L’ingestion de dichromates s’est avérée fatale dans de nombreux cas; la dose létale orale est estimée à 0,5 à 5 g. 1- Peau: Les composés de chrome hexavalent peuvent être absorbés par voie percutanée, même par une peau intacte et une insuffisance rénale aiguë peut survenir après une brûlure cutanée de 10% de la surface corporelle ou moins. Dans un cas, une brûlure thermique totale de 70% du corps due au sulfate chromique chaud (trivalent) mélangé à de l’acide sulfurique (barrière cutanée brisée) a entraîné une intoxication au chrome avec insuffisance rénale aiguë. Les vapeurs de dioxichlorure de chrome sont très irritantes pour la peau. 2- Système gastro-intestinal: Les sécrétions gastriques convertissent le chrome hexavalent en chrome trivalent après ingestion. Dans ce processus, la muqueuse gastrique et intestinale sont en grave danger de lésion grave caractérisée par une inflammation massive et une nécrose de la bouche au jéjunum provoquant: – douleurs abdominales; – vomitus; – diarrhée; – hématémèse. Ces manifestations rapides peuvent entraîner la mort par collapsus circulatoire (choc). Si le résultat n’est pas rapidement fatal, 12 à 20 heures plus tard, des manifestations de nécrose hépatique et rénale apparaîtront. Un syndrome de détresse respiratoire chez l’adulte a été signalé après une ingestion importante. Sans traitement, la dose létale d’acide chromique par ingestion est estimée entre 1 et 3 g. Même de petites ingestions de dichromates ont entraîné une gastro-entérite hémorragique et la mort. 3 – Système Rénal : Une insuffisance rénale aiguë peut survenir après une ingestion orale importante de composés du chrome hexavalent et après une exposition cutanée. 4- Système pulmonaire: L’inhalation de brouillard d’acide chromique concentré a entraîné un œdème pulmonaire, qui peut être retardé jusqu’à 72 heures après l’exposition. Les vapeurs de dioxichlorure de chrome sont très irritantes pour les muqueuses. Un syndrome de détresse respiratoire chez l’adulte a été signalé après une ingestion importante. 5 – Système hépatique: Une nécrose hépatique peut survenir en cas d’intoxication aiguë par ingestion. B – Toxicité chronique : Les manifestations toxiques chroniques sont généralement dues à des composés hexavalents. 1- Symptômes cutanés: Au contact de la peau, les composés du chrome hexavalent agissent à la fois comme irritants et sensibilisants. Dermatite a-Exzémateuse (Dermatite de contact Allergique) : Cette entité clinique se caractérise par des lésions érythémateuses, ou vésico-papuleuses, humides, prurigineuses localisées notamment sur les avant-bras (bracelets chromés). Il est très fréquent chez les individus en contact avec le ciment. En pratique, seuls les composés hexavalents du chrome sont sensibilisants. Le chrome hexavalent peut pénétrer dans la peau où il est réduit en chrome trivalent qui joue le rôle d’un haptène; lorsqu’il est fixé sur une protéine, il devient un antigène complet. La sensibilité au chromate s’est avérée assez persistante une fois développée. Dans une étude, 92% des patients de l’étude présentant une sensibilité au dichromate induite par l’exposition au ciment Portland ont continué à présenter une dermatite de contact 10 ans après l’apparition initiale des symptômes. Une fois induite, la sensibilité au chromate peut entraîner des difficultés dans plusieurs contextes. Le contact avec des textiles colorés avec des pigments à base de chromate peut suffire à exacerber la dermatite. Le port de chaussures en cuir tannées avec des chromates peut produire une dermatite des pieds si on laisse ceux-ci rester en sueur. L' »exzème de femme au foyer » peut être en grande partie un phénomène de sensibilité au chromate, car les détergents et les agents de blanchiment dans certaines zones contiennent plus que des traces de sels de chromate Chez les individus sensibilisés, l’absorption du chrome par voie pulmonaire et / ou orale pourrait provoquer une réaction exzémateuse. Le chrome trivalent ne pénètre que très difficilement dans la peau et le risque de sensibilisation est donc faible. Le chrome métal n’est pas en théorie un allergène L’allergie au chrome est confirmée par des tests de patch cutané. Certains auteurs affirment que la mesure du chrome urinaire permet de confirmer l’origine professionnelle de la dermatite chez les tanneurs. ulcères b-chromés: Après une exposition cutanée à l’acide chromique, des érosions de la peau peuvent survenir. Ces « trous chromés » apparaissent initialement sous forme de lésions papuleuses, isolées ou groupées, avec ulcération centrale. Ils se produisent principalement sur les mains et les avant-bras où il y a eu une rupture de l’épiderme; on pense qu’ils sont dus à un effet nécrosant direct de l’ion chromate. Ces ulcères ont un diamètre de 5 à 10 mm, indolores, avec des bords tranchants, parfois des démangeaisons et ont la possibilité de s’étendre dans les articulations; ils guérissent lentement et produisent une cicatrice déprimée caractéristique. Ces ulcères sont observés principalement chez les travailleurs de l’industrie du chromage électrolytique. c – Dents et peau: La décoloration jaunâtre de la langue et des dents est un signe d’intoxication chronique. 2 – Irritation des muqueuses: Une atrophie de la muqueuse nasale suivie d’une ulcération et d’une perforation peut survenir. Il est généralement indolore et se trouve lors d’un examen médical. Il peut être trouvé chez près de 50% des travailleurs exposés aux chromates et peut être associé à une anosmie. Des ulcérations septales nasales ont été observées après seulement 2 semaines d’exposition à 1 mg /m3 de chromate de zinc tandis que 18 mois d’exposition à 0,02-0,1 mg/m3 n’ont provoqué aucune perforation ou ulcération. Ces ulcérations ont été observées principalement chez les travailleurs du chromage électrolytique Dans une étude sur des travailleurs de l’acide chromique, l’incidence et la gravité des lésions nasales étaient liées à la fois à la durée de l’exposition et au laxisme de l’hygiène industrielle pratiquée par les travailleurs individuels. Rappelons que la perforation de la cloison nasale est également associée à l’exposition à de nombreux autres toxiques industriels: – arsenic,; – fulminate de mercure; – chlore; – poussière de ciment; – sels de potassium (mines de potasse). Les symptômes de rhinite, de conjonctivite, d’essoufflement et de prurit sont plus fréquents chez les travailleurs du chromage électrolytique. Les travailleurs du même type d’industrie, excrétant plus de 15 µg/g de créatinine de chrome, présentent des altérations des mesures spirométriques, par exemple une réduction du VEMS 1,0. Par conséquent, il est logique de conclure que l’exposition chronique aux vapeurs d’acide chromique peut provoquer une maladie pulmonaire obstructive chronique. L’exposition à l’acide chromique (hexavalent) peut provoquer une pharyngite et une laryngite chroniques. Une œsophagite, une gastrite et des ulcères d’estomac ont été décrits chez des travailleurs exposés aux sels de chrome hexavalents. 3- Voies respiratoires : L’asthme professionnel s’est produit chez les travailleurs exposés aux fumées d’acide chromique, aux composés du chrome hexavalent présents dans la bauxite utilisée dans la production d’aluminium et au chrome hexavalent dans les fumées de soudage. La réaction bronchospastique peut être de type retardée et s’accompagner d’une réaction anaphylactoïde comprenant de l’urticaire, un gonflement de la peau et une augmentation de l’histamine sérique. L’inhalation de sels de chrome trivalents peut également causer de l’asthme professionnel (sulfate de chrome). Une pneumoconiose a également été observée après exposition à de la poussière de minerai de chromite. 4 – Carcinogenèse: Il a été démontré que certains composés du chrome hexavalent étaient cancérigènes sur la base d’enquêtes épidémiologiques sur des travailleurs et d’études expérimentales sur des animaux. En général, ces composés ont tendance à être de faible solubilité dans l’eau et sont donc subdivisés en deux sous-groupes par ACGIH : a – Composés du chrome hexavalent hydrosolubles : acide 1-chromique; anhydrides d’acide 2-chromique; 3 – monochromates et dichromates de: – sodium, – potassium, – ammonium, – lithium, – césium, – rubidium. b – Composés du chrome hexavalent insolubles dans l’eau: chromate 1-zinc, chromate 2-calcium, chromate 3-plomb, chromate 4-baryum, chromate 5-strontium, trioxyde de chrome fritté 6. L’inhalation chronique de composés du chrome hexavalent présente un risque accru de cancer du poumon, le degré de risque dépendant des sels particuliers et de leur solubilité dans des conditions biologiques, des circonstances de l’exposition et de facteurs de risque concomitants tels que le tabagisme. Des études épidémiologiques menées aux États-Unis il y a 40 ans ont démontré un risque de cancer du poumon multiplié par 10 à 30 chez les travailleurs de l’industrie du chromate par rapport à la population générale. De nombreuses études ont confirmé le risque cancérogène chez les travailleurs employés dans la fabrication de chromates et l’utilisation de pigments à base de chrome. Chez les personnes qui ont été gravement exposées, le risque accru de cancer du poumon est encore détectable 20 ans après la cessation de l’exposition. Dans la plupart des études, une corrélation positive entre la durée d’exposition et le décès par cancer du poumon a été trouvée. Dans l’industrie du chromage électrolytique, principalement de type « dur », le risque de cancer (cancer du poumon principalement) est assez faible que dans l’industrie du chromate; cela s’explique par le fait que le chrome hexavalent soluble est utilisé dans le premier tandis que des composés plutôt insolubles sont utilisés dans le second. Le risque de cancer chez les soudeurs en acier inoxydable exposés à des composés solubles du chrome hexavalent n’a pas été précisé. Dans la production de ferrochrome, les travailleurs sont principalement exposés au chrome métallique et trivalent et légèrement aux composés hexavalents, dans ces circonstances, un risque accru de cancer du poumon ne semble pas exister. L’exposition aux chromates favoriserait également les cancers d’autres sites tels que les cavités nasales, le larynx et l’estomac. Le chromate de zinc est le cancérigène le plus puissant parmi les chromates couramment trouvés en milieu industriel; le chromate de calcium et le chromate de plomb présentent un risque moindre. Selon Levy et al., l’acide chromique (un composé très soluble) serait un cancérogène faible. Le risque de cancer du poumon semble inexistant chez les tanneurs utilisant principalement des composés de chrome trivalents. Les composés du chrome trivalent et le chrome métallique sont généralement considérés comme des cancérogènes très faibles ou non cancérigènes. 5-Génotoxicité: Les composés du chrome hexavalent ont toujours été génotoxiques, induisant une grande variété d’effets, y compris des dommages à l’ADN, une mutation génétique, un échange de chromatides sœurs, des aberrations chromosomiques, une transformation cellulaire et des mutations létales dominantes. Les composés du chrome hexavalent ont provoqué des effets sur le développement chez les rongeurs en l’absence de toxicité maternelle après administration orale. Comme dans le cas de la dermatite exzémateuse au chrome, il apparaît que la substance génotoxique est du chrome pentavalent ou du chrome trivalent produit à partir de la réduction intracellulaire du chrome hexavalent après pénétration dans la cellule. Selon Molyneux et Davies, c’est la ré-oxydation du chrome pentavalent par le peroxyde d’hydrogène, ou éventuellement par d’autres peroxydes, qui provoquerait la production de radicaux hydroxyles responsables des altérations de l’ADN induites par le chrome. Le chrome trivalent en soi n’est pas génotoxique comme l’ont démontré des études épidémiologiques, dont une menée auprès de travailleurs de tannerie exposés. Prise en charge de la toxicité aiguë : Le traitement est symptomatique. I – Gestion clinique : Quelle que soit la voie d’exposition, l’approche initiale d’une personne affectée comprend une brève évaluation de son état clinique suivie d’un soutien des fonctions cardiopulmonaires de base. Une fois les voies respiratoires stabilisées et le soutien cardiopulmonaire instauré comme indiqué, d’autres mesures peuvent être envisagées. A- Ingestion: 1 – Décontamination: Les vomissements ne doivent généralement pas être induits chez le patient exposé au chrome par ingestion, en raison de l’effet corrosif potentiel du composé du chrome et du risque de détérioration rapide du patient. Habituellement, l’acide ascorbique doit être administré par voie orale ou nasogastrique, si le patient a encore du chrome dans l’estomac. Il a été démontré que l’acide ascorbique améliore les effets de l’exposition humaine topique aux chromates. L’acide ascorbique agit chimiquement en réduisant Cr6+ en Cr3+, la forme moins toxique pour la muqueuse gastrique et intestinale.. Le dosage acide ascorbique pour le traitement de l’ingestion de chrome hexavalent varie avec le sel ingéré. La dilution de l’agent ingéré peut être appropriée si la dilution peut être effectuée dans les minutes qui suivent l’ingestion, en particulier si le pH du matériau ingéré est assez bas (par exemple acide chromique) ou assez élevé (par exemple dichromate d’ammonium). La dilution peut être effectuée avec de l’eau ou avec des fluides qui servent également de démultiplicateurs, tels que le lait. L’utilisation de composés démultiplicateurs (par exemple antiacides, amidon de maïs ou lait) en plus de ceux utilisés pour la dilution a été recommandée et semble raisonnable mais n’a pas été étudiée formellement. Un lavage gastrique pour réduire la dose ingérée peut être souhaitable si du chrome est susceptible d’être présent dans l’estomac. Mais, il existe un risque de perforation de l’œsophage et de l’estomac blessés; si la décision de procéder au lavage est prise, un tube souple est préférable. 2 – Amélioration de l’élimination: Les preuves existantes ne permettent pas de conclure que la transfusion d’échange devrait généralement être utilisée. L’hémodialyse et l’hémoperfusion au charbon n’améliorent pas sensiblement l’élimination du chrome de l’organisme si la fonction rénale redevient normale. Cependant, en cas d’insuffisance rénale, une hémodialyse peut être nécessaire pour la prise en charge de l’insuffisance rénale elle-même. 3- Traitement : L’équilibre hydrique doit être maintenu. Les patients affectés doivent être surveillés attentivement pour détecter des signes de saignement gastro-intestinal, de méthémoglobinémie, d’hémolyse, de coagulopathie, de convulsions ou de dysfonctionnement pulmonaire. Des mesures de soutien appropriées devraient être prises comme indiqué. a- Hémolyse: Une diurèse alcaline peut être indiquée pour réduire la possibilité d’une lésion rénale supplémentaire. b- Méthémoglobinémie : Il doit être traité avec du bleu de méthylène si le taux de méthémoglobine dépasse 30% ou si des signes ou symptômes de méthémoglobinémie sont présents. c-Chélation : L’utilisation de l’agent chélatant dimercaptopropane sulfonate a été proposée. B – Inhalation: Après inhalation de composés de chrome hexavalents ou trivalents, les patients doivent être retirés de toute exposition ultérieure et évalués avec soin. En cas de détresse respiratoire ou de cyanose, de l’oxygène doit être administré. Le bronchospasme doit être traité avec des bronchodilatateurs. Si l’agent inhalé était de l’acide chromique, une observation et une évaluation continues doivent être envisagées afin de noter tout développement d’œdème pulmonaire jusqu’à 72 heures après l’exposition. Des précautions similaires après l’inhalation d’autres composés hexavalents concentrés hautement solubles sont prudentes. C- Absorption cutanée: En cas d’absorption cutanée, la peau doit être abondamment irriguée avec de l’eau. La zone touchée doit être évaluée pour la présence de brûlures chimiques ou thermiques, et un traitement doit être fourni comme indiqué. L’application topique d’une solution d’acide ascorbique à 10% fraîchement préparée ou d’une crème barrière contenant 2% de glycine et 1% d’acide tartrique s’est avérée bénéfique dans certains milieux industriels pour réduire les conséquences d’une exposition topique aux composés du chrome hexavalent. D – Études en laboratoire: Il n’a pas été démontré que les mesures spécifiques des niveaux de chromate après exposition aient une valeur pronostique ou thérapeutique. Cependant, il peut permettre de mieux documenter l’exposition et d’évaluer l’efficacité des mesures visant à améliorer l’élimination. Mesures médicales: A – Examen préalable à l’emploi : Il est recommandé de prendre les mesures suivantes avant les affectations de travail, lorsque l’exposition au chrome hexavalent est probable. 1- Antécédents: Un historique médical et professionnel détaillé doit être examiné par un médecin familier avec les risques potentiels pour la santé d’une exposition aux composés spécifiques du chrome. 2- Examen physique: Un examen physique général approfondi doit être effectué, avec une attention particulière à la peau, aux muqueuses et aux poumons. Ceux qui présentent des lésions cutanées et une bronchite chronique doivent être jetés. 3 – Radiographie pulmonaire : Un film radiographique thoracique standard de base doit être obtenu et conservé indéfiniment pour une comparaison future. 4- Spirométrie: La spirométrie doit être obtenue pour inclure au minimum FVC, FEV1 et le FEV1 / FVC, principalement pour les informations de base. 5- Tests sanguins: Des tests sanguins pour assurer une fonction rénale et hépatique normale doivent être effectués. 6 – Analyse d’urine: L’analyse d’urine doit être obtenue pour les mêmes raisons qu’en 5. B – Examen périodique: Une fois médicalement approuvé pour l’exposition aux composés du chrome hexavalent, les points 1, 2, 4, 5, 6 doivent être répétés chaque année. De plus, à partir de la dixième année d’exposition aux composés cancérogènes du chrome, une radiographie pulmonaire standard et une cytologie des expectorations peuvent également être utiles pour vérifier que le cancer du poumon ne s’est pas développé. Si l’on sait avec une certitude absolue que le travailleur n’a jamais été exposé au-dessus de la concentration maximale autorisée, qu’il est non fumeur et qu’il a des habitudes de travail méticuleuses, cette précaution peut être éliminée. Une attention particulière doit être accordée à la peau et à la cloison nasale. C – Surveillance biologique : Chez les personnes exposées de manière non professionnelle au chrome, la concentration de chrome dans le sérum ou le plasma et dans l’urine ne dépasse généralement pas 0,05 µg / 100 ml et 5 µg / g ss # créatinine, respectivement. Les valeurs rapportées par l’OMS (1988) et basées sur les données de l’EPA des États-Unis (1978) vont de 0,02 à 7 µg / 100 ml dans le sérum et le plasma, et de 0,5 µg à 5,4 µg / 100 ml dans les globules rouges. 1- Indice d’exposition biologique (BEI): ACHIH a déterminé deux (2) mesures de l’indice d’exposition biologique (BEI) pour les composés du chrome hexavalent en tant que fumée soluble dans l’eau. a-BEI (#1) : Surveille l’augmentation du chrome total dans l’urine pendant un quart de travail, avec une limite supérieure de 10µg par g de créatinine. b-BEI (#2): Échantillonne le chrome urinaire total à la fin du quart de travail à la fin de la semaine de travail, avec une limite supérieure de 30 µg par g de créatinine. Des études montrent que la forme prédominante du chrome récupéré dans le sang et les tissus, même après exposition au chrome hexavalent, est le chrome trivalent car la forme hexavalente est réduite à la forme trivalente dans les tissus en milieu biologique. La réduction de Cr6+ en Cr3+ diminue l’entrée de chrome dans les cellules et diminue les dommages intracellulaires et à l’ADN. Le chrome trivalent est excrété principalement dans l’urine. 2- Chrome érythrocytaire: Certains chercheurs soutiennent que la détermination du chrome hexavalent dans les érythrocytes est une estimation plus utile de la charge corporelle du chrome hexavalent après exposition. Lorsque de faibles niveaux de chrome sont trouvés dans les érythrocytes ainsi que de fortes concentrations de chrome dans l’urine, la réduction extracellulaire du chrome hexavalent est supposée suffisante pour la détoxification. Mesures techniques: I – Hygiène générale : – effectuer toutes les opérations dangereuses (broyage des chromites, etc.) en contenance fermée ; – effectuer l’aspiration des fumées et poussières au-dessus des cuves d’électrolyse ou empêcher la libération de brouillard d’acide chromique en recouvrant le bain d’électrolyse par un tamis liquide ou solide. Des suppresseurs de brouillard sur les cuves de chromage sont actuellement utilisés. Ils agissent soit en réduisant la tension superficielle du liquide, soit en formant une barrière de mousse épaisse. – placer et retirer mécaniquement les pièces à chromer; – ajouter 0,1 à 0.2% de sulfate ferreux au ciment Portland pour réduire le chrome hexavalent qu’il contient. Il a été démontré que cette mesure avait un effet bénéfique sur la dermatite de contact exzémateuse au Danemark. – ajouter 1% de zinc dans le fil de soudage, ce qui entraîne une réduction significative du chrome hexavalent dans les fumées de soudage. II – Hygiène personnelle: Selon le type de composés utilisés, le type et la gravité de l’exposition, il peut être nécessaire de porter: – des vêtements spéciaux: gants, tabliers; – une crème pour les mains ou une solution à base d’acide ascorbique à 10%, ou de dithionite de sodium (Na2SO4), ou d’une résine échangeuse d’ions et/ou d’acide tartrique. 60% des sujets sensibilisés au chrome peuvent être protégés totalement ou partiellement par la formulation suivante : silicone 10%, lactate de glycérol 2%, glycine 2%, acide tartrique 1%, excipient ad 100%.Ces traitements cutanés préventifs seraient indiqués chez les sujets allergiques au chrome et qui ne peuvent, pour diverses raisons, éviter tout contact avec le chrome. Une pommade à l’oxyde de zinc ou à 10% d’acide ascorbique est également recommandée pour protéger la muqueuse nasale. – un appareil de protection des voies respiratoires à adduction d’air lorsqu’il existe des dérivés cancérogènes. Limites d’exposition : A – Limites d’exposition du Québec : VEMP : Valeur d’Exposition Moyenne Pondérée :
Composé de chrome |
VEMP |
Notes |
Chrome (métal) |
0.5 mg / m3 |
|
Chrome II, composés, comme Cr. |
0.5 mg / m3 |
|
Chrome III, composés, comme Cr. |
0.5 mg/m3 |
|
Le chrome VI, certains composés insolubles dans l’eau, comme Cr. |
0.05 mg / m3 |
C1, RP, EM |
Chrome VI, composés hydrosolubles, sous forme de Cr. |
0.05 mg/m3 |
Chromium compound |
Air Concentration |
Metallic chromium |
250 mg Cr/m3 |
Insoluble chromium salts |
500 mg Cr/m3 |
Soluble divalent salts |
250 mg Cr/m3 |
Soluble trivalent salts |
25 mg Cr/m3 |
Hexavalent chromium compounds and chromic acid |
15 mg CrO3 / m3 |
Informations connexes
Liens
Chromate de potassium
Dichromate de potassium
Trioxyde de chrome
Chromate de fer
Oxyde de chrome
Article d’Edouard Bastarache
Edouard Bastarache est un médecin bien connu qui a écrit de nombreux articles sur le sujet de la toxicité des matériaux céramiques et livres sur les aspects techniques de la céramique. Il écrit en anglais et en français.
Par Edouard Bastarache
Conseil technique mensuel de Tony Hansen
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